À l’heure d’aujourd’hui, le sucre est au cœur de nombreuses polémiques, les industriels ont donc dû s’adapter en trouvant des alternatives. C’est pourquoi, depuis la fin des années 80, date à laquelle la vente des édulcorants a été autorisée en grande surface leur utilisation se fait de plus en plus fréquente.Les consommateurs achètent les produits light, ‘’sans sucres ajoutés’’ en pensant faire un geste favorable pour leur santé, mais qu’en est -t-il vraiment ?
Qu’est-ce qu’un édulcorant :
Un édulcorant est une substance qui peut être naturelle ou synthétique ayant la particularité d’apporter un goût sucré en étant toutefois que très peu voire pas du tout calorique.Leur pouvoir sucrant est supérieur à celui du sucre, c’est-à-dire que l’on peut en mettre une dose plus petite pour une même perception du goût sucré.
Ont-ils un réel intérêt ? :
Les édulcorants sont détectés par les mêmes récepteurs que ceux des glucides aussi bien au niveau de la langue qu’au niveau de l’intestin grêle. Par conséquent, on note une augmentation de l’absorption des glucides quand ils sont consommés avec un produit contenant des édulcorants.Cela est dû au fait qu’il y a une augmentation de l’expression du transporteur GLUT-2 sur la bordure en brosse des entérocytes (cellules de l’intestin).Ainsi un soda light ingéré en même temps qu’un sandwich augmentera l’absorption des glucides du sandwich au niveau de l’intestin.
Impact sur la glycémie :
En utilisant des IRM, des chercheurs ont fait la comparaison de l’activité de l’hypothalamus après l’ingestion d’aspartame et après l’ingestion d’un mélange d’eau et de glucose.Les résultats ont démontré que seul le mélange d’eau et de glucose avait eu pour effet de stimuler l’hypothalamus se traduisant par une augmentation de la glycémie. L’aspartame, lui n’a eu aucune incidence sur ce facteur. La saveur sucrée à elle seule ne suffit donc pas à augmenter la glycémie.
Qu’en est-t-il de la sécrétion d’insuline ? :
Étant donné que les édulcorants n’ont pas d’impact sur la glycémie, nous pourrions donc penser qu’ils ne vont pas induire la libération d’insuline. Cependant, des chercheurs se sont penchés sur la question afin de vérifier la véracité de cette hypothèse. Leur étude visée à détecter s’il y avait une sécrétion d’insuline suite à l’ingestion d’édulcorants.
Pour ce faire, ils ont fait avaler une petite quantité de différentes solutions à un même groupe de personnes et ceux sur plusieurs jours (une analyse par jour) .Les solutions étaient les suivantes ;La première avec du saccharose, la seconde avec de la saccharine (un édulcorant), la troisième avec de l’eau distillée et la dernière avec du glutamate.
À chaque fois l’insulinémie était mesurée 3 minutes avant, puis 3, 5, 7 et 10 minutes après avoir goûté la substance. Les résultats ont montré que seul le saccharose et la saccharine induisaient une sécrétion d’insuline. Ils sont ainsi venus à la conclusion que la phase céphalique de la sécrétion d’insuline, c’est-à-dire la phase de sécrétion d’insuline qui se déroule notamment lors de la mastication des aliments est une conséquence de la perception du goût sucré par les bourgeons du goût contenus dans les papilles et non pas par la nature des molécules composantes de l’aliment. Cependant, même s’il n’y a pas d’augmentation de la glycémie, le fait qu’il y ait de l’insuline dans l’organisme, si elle est trop fréquemment sollicitée créera sur le long terme une résistance des cellules à celle-ci et favorisera donc l’apparition du diabète de type II.
Impact sur le microbiote :
Une étude menée par des chercheurs israéliens a étudié l’impact de ces édulcorants sur des souris.Pour ce faire, ils ont ajouté à l’eau ingérée par les souris trois édulcorants très répandus : l’aspartame, la sucralose et la saccharine aux doses journalières admissibles.
À la fin de cette expérience, toutes les souris étaient devenues intolérantes au glucose. Cette intolérance se traduit par le fait que les cellules réagissent moins bien à l’insuline, nous sommes donc en état de pré-diabète.La piste d’une modification du microbiote engendrée par ces édulcorants était grandement suspectée, mais il restait encore à le prouver.Ils ont alors transplanté des excréments des souris ayant consommé l’eau avec les édulcorants à des souris ayant subi préalablement un traitement par antibiotiques afin de les débarrasser de leur propre flore intestinale.Celles-ci ont à leur tour présenter une intolérance au glucose.Ceci est bien la preuve que les édulcorants ont un impact sur le microbiote et qu’ils sont un facteur de risque de développement du diabète.
Chez les hommes ? :
Une étude a visé à une modification de la bactérie Escherichia coli afin de la rendre lumineuse en présence de composés toxiques. Les observations ont ainsi pu démontrer que la bactérie réagissait en présence d’édulcorant et plus particulièrement de la saccharine. Cela est donc la preuve que la consommation d’édulcorant nuit à notre flore intestinale et mène à la perturbation de son équilibre.Hors, un microbiote déséquilibré est un terrain propice à l’apparition de diabète ainsi que d’obésité.
En pratique :
Selon des chiffres de 2015, les Français consommeraient 224 L par personne de soda par an. Cela correspond à un peu plus de 620 ml par jour.Les doses journalières admissibles sont calculées par rapport au poids de la personne.En prenant l’exemple d’une consommation moyenne en coca cola light pour une personne de 70 kg, elle n’arrive pas au 1/5 des doses journalières admissibles.Cependant, une consommation régulière de produits contenant des édulcorants n’est pas à conseiller car, si la limite n’est pas dépassée par l’ingestion d’un seul aliment, il faut tout de même faire particulièrement attention à ne pas multiplier les sources. Une autre problématique qui en découle est que ces produits, présentés sous des noms de ‘’diététiques’’ ou ‘’light » , envoient au consommateur le message d’un impact sur sa santé moins important, on le déculpabilise en quelque sorte. Il sera donc plus susceptible d’ingérer ce type d’aliment en plus grande quantité.Une fois que le marché des édulcorants à commencer à être connu, l’industrie du sucre s’est sentie menacée et a voulu mettre en avant les procédés de fabrication que dissimulaient les industriels de l’édulcorant.Ils ont ainsi lancer une campagne pour dénoncer cela avec comme slogan ; ‘’Quand, on enlève du sucre, savez-vous ce qu’on met à la place ? ‘’ .
Si l’on décortique le slogan, il est, en effet, véridique : Premièrement, la suppression du sucre des aliments prive ceux-ci de son pouvoirnaturel de conservateur, les industriels vont donc ajouter d’autres substances telles que des additifs et conservateurs de synthèses afin d’assurer les qualités organoleptiques de leurs produits.On s’approche alors plus d’un composé de chimie que d’une réelle denrée alimentaire sans compter que l’on ne connaît pas les répercussions des mélanges d’additifs, conservateurs,… sur notre santé. De plus, l’ajout de sucre donne des qualités au niveau du goût et contribue au fait qu’on ait envie de revenir au produit. Pour pallier à cette suppression, les industriels vont alors augmenter la quantité de matières grasses ce qui contribue à augmenter la valeur énergétique du produit et ne le rend plus si ‘’light’’.
Conclusion :Selon moi, la vraie problématique n’est pas de trouver une alternative absolue au sucre, mais plutôt d’avoir un discours de prévention sur sa surconsommation. Il est tout de même bon de rappeler que ce sont des produits qui restent des aliments plaisir que l’on peut consommer occasionnellement.
Sources
https://www.lanutrition.fr/bien-dans-son-assiette/bien-manger/risques/les-additifs-alimentaires/les-edulcorants/petite-histoire-des-edulcorants
http://www.realites-cardiologiques.com/wp-content/uploads/sites/2/2012/10/RND41_RG-Amouyal.pdf